Kota Bharu côté ville.
La douce clareté du jour nous a sorti de notre sommeil réparateur. A peine quelques pas dans le jardin de notre hôte que celui-ci vient à notre rencontre pour nous faire découvrir ses arbres fruitiers. Et çà tombe bien car nous sommes en pleine saison des mangoustans et des remboutans. Ceux qu'il cueille pour nous dans son verger sont réellement excellents !
Après un copieux petit déjeuner (et le transfert de nos bagages à Pasir Belanda), nous partons en taxi découvrir la ville de Kota Bharu, à commencer par son village d'artisans (Kampung Kraftangan), où l'on peut voir travailler ces derniers.
Le village d'artisans est construit de manière traditionnelle : des maisons villageoises autour d'une place centrale.
Ces maisons (kampung house) sont faites en bois et surélevées par des piloris pour abriter le bétail et protéger ses habitants des inondations et des animaux sauvages. Pour une meilleure ventillation, la configuration intérieure est décloisonnée avec une grande pièce reclangulaire servant de lieu de vie, les chambres sont délimitées par des rideaux, la cuisine est séparée, à l'arrière de la batisse. A l'origine recouvertes de chaume, ces maisons le sont désormais de tuiles.
Côté artisanat représenté ici, le Batik tient une place prépondérante. Le Batik compte parmi les arts traditionnels les plus populaires en Malaisie, bien qu'il fut importé d'Indonésie dans les années 1930. Le procédé consiste à appliquer de la cire fondue sur les endroits du tissu qui doivent être préservés avant trempage dans la teinture.
On commence par les tons les plus clairs. Après séchage, l'opération peut être renouvellée avec une autre couleur. Au final, on obtient un tissu où se mèlent différents tons plus ou moins contrastés, juxtaposés ou superposés.
Autre objet dont la fabrication nous a marqué : le kris, poignard malais qui occupe une place de choix dans la culture de ce peuple. Symbole d'honneur, il est aussi réputé pour être doté de pouvoirs surnaturels. Finement ciselé et ajusté, la tradition veut que soit offert un kris à chaque jeune homme lorsqu'il passe à l'age adulte.
A quelques pas de là, se trouve un lieu que nous avons trouvé paticulièrement agréable à parcourir : le marché central. Quelles couleurs ! Que de parfums qui se mèlent ! Ce sont les femmes, portant sarong et voilées de tudong multicolores qui tiennent ici le commerce. Assises -parfois même assoupies- au milieu des fruits et légumes, elles attendent le chaland.
A la nuit tombée, c'est un autre spectacle qui nous attend : celui du marché de nuit. Là, sur plusieurs rues se tiennent des dizaines d'étals de vêtements à des prix très intéressants. Ces stands sont pour la plupart tenus par des chinois, ethnie très présente parmi la population malaisienne. Les chinois sont établis significativement depuis le XVème siecle, la deuxième vague d'immigration ayant eu lieu au XIXème siecle. Leur idéal de prospérité permit à nombre d'entre eux de s'élever dans la hiérarchie sociale. Des chinatown se sont ainsi développées dans de nombreuses villes, comme à Kota Bharu et à Kuala Terengganu, pourtant bastions malais. Dans ces villes chinoises, des kongsi, ou associations claniques, constituaient la première étape de tout nouveau migrant chinois. Protégeant les intérêts de leurs membres, les kongsi réaffectaient logements et emplois, encourageaient l'éducation et servaient aussi de banques. Mais depuis plusieurs décennies, les chinois sont perçus comme ayant acquis trop de pouvoir sur le plan économique. C'est ainsi que depuis 1969, l'Etat a montré une volonté politique de favoriser davantage l'ethnie malaise avec l'introduction du concept de bumiputera, dont le but était de promouvoir une plus grande égalité des chances pour les groupes ethniques laissés pour compte, face à la domination économique des communautés chinoise et indienne : accès au logement subventionné ou à l'éducation supérieure.
Après avoir goûté à la cuisine locale (brochettes de poissons, de champignons, de boeuf, de tofu), nous regagnons Pasir Belanda.